Le patrimoine eau de Châtel-Saint-Germain
Aujourd’hui les aspects les plus visibles du patrimoine eau sont d’une part le ruisseau de Montvaux, d’autre part les fontaines et lavoirs.
En fait le ruisseau de Montvaux n’est plus qu’un résidu de la situation naturelle compte tenu des prélèvements très importants faits par le service des eaux (environ 50 l/s en moyenne, soit 4000 m3/jour) pour l’alimentation en eau potable de Châtel et de communes environnantes. Par ailleurs le ruisseau jouait dans le passé un rôle économique très important pour le fonctionnement de moulins. Sur le ban de Châtel il y avait 5 moulins d’amont en aval : le Moulin-Haut, le Moulin Dourois, le Moulin aux Oies (ancienne usine), le Petit-Moulin et le Moulin-Neuf. L’histoire de ces moulins est évoquée dans l’ouvrage collectif d’Edgar Wendling et coauteurs « Châtel St Germain glanes », 2ème édition 1983, pages 11-13 et 63-64. Sept autres moulins existaient en aval dans les communes voisines : le Moulin de Longeau (ban de Rozérieulles) et le moulin Bazin dans Rozérieulles, le moulin de Lessy dans le village, les moulins du Goglo et de la Cueillerotte à Sainte-Ruffine et le Cugnot et le Poncelet à Moulins-Lès-Metz.
Sur le terrain il reste peu de traces de ces moulins, le Petit Moulin et celui du Longeau sont les derniers à avoir perdu leur roue. Pour le fonctionnement des moulins le ruisseau avait été équipé de retenues d’eau, aujourd’hui non seulement inutiles, mais sources d’envasements et de stagnation des eaux, d’autant plus que les débits sont devenus indigents en période de basses eaux.. C’est pourquoi le lit du ruisseau a été redimensionné récemment pour l’adapter à la situation hydraulique actuelle. Par ailleurs il existe un lavoir sur le ruisseau au lieu-dit le Saulcy, lavoir restauré au cours des années 80.
Au niveau de ce lavoir on observe en été un débit résiduel de l’ordre de 12 litres/sec, compte tenu des prélèvements d’eau potable à l’amont. Les petits affluents du ruisseau dans la traversée du village ajoutent de l’ordre de 3 litres/sec au total, dont l’essentiel vient du Tagnon avec environ 2 litres/sec.
L’alimentation en eau potable du village de Châtel est assurée par le service des eaux de Montigny à partir de ses captages d’eau situés dans la vallée de Montvaux : la source de la Roche (ban d’Amanvillers), la source du Grand Chêne (derrière les chalets de Montvaux), la source du Fond de Tonnerre et la source des Trois Fontaines. Les ouvrages les plus anciens (la Roche et les Trois Fontaines) comportent des galeries taillées dans le rocher aboutissant dans des bâtiments en pierre de taille visibles depuis la route. Toutes ces sources sont dotées de zones de protection réglementaires par arrêté préfectoral, celui-ci précisant également les limites des prélèvements autorisés. Deux réservoirs situés sur le flanc du mont Saint Germain permettent d’alimenter les différents quartiers selon leur altitude. Les fermes du plateau sont alimentées par le SIEGVO (Syndicat des eaux de Gravelotte et de la vallée de l’Orne) à partir de pompages dans la vallée de la Mance et dans les anciennes mines de fer de la vallée de l’Orne. Les réseaux des deux services des eaux sont interconnectés pour des raisons de sécurité.
A l’entrée du village se trouve une autre source : la Marmouille, qui alimente la pisciculture. Son débit peut être très important en période humide, se traduisant par trois cascades d’eau émergeant en-dessous de la voie ferrée et visibles depuis la route départementale.
Les fontaines du village
Les fontaines du village constituent les vestiges de l’alimentation en eau potable jusqu’à la fin du XIXème siècle. On peut citer: la fontaine de la place de l’église et la fontaine de la rue Jeanne d’Arc (captage commun en bordure de la route Vernéville qui donne 15 à 30 l/min), la fontaine et le grand lavoir de la rue de Verdun (captage en limite du bois du Reposoir, 20 à 40 l/min), la fontaine-lavoir de Cléry (captage non localisé, 4 à 20 l/min), la fontaine de la Garde de Dieu au bas de la rue de Lessy, captage non localisé (2 à 6 l/min). Le débit de ces fontaines est très modeste en comparaison de ce que donnent les sources de la vallée de Montvaux. Ces débits étaient suffisants lorsqu’il fallait porter l’eau !
Deux autres fontaines ont disparu :
– le captage à droite de la montée de la route de Vernéville existe toujours mais la borne-fontaine à l’angle de la route de Vernéville et de la rue de Verdun n’est plus alimentée,
– la fontaine de Vauzelle autrefois située route de Lorry en face du chemin des Fourrières n’existe plus, ses eaux arrivent dans le ruisseau de Montvaux au niveau de la distillerie.
Les caractéristiques des eaux des sources et des fontaines
Les caractéristiques des eaux des sources et des fontaines sont typiques des eaux de pays calcaires : eaux riches en bicarbonate de calcium, donc relativement dures (24 à 34°), ce qui est excellent pour la santé (la dureté de l’eau d’Evian est de 29,5° et celle de Thonon de 30,9°), même si cela provoque l’entartrage des bouilloires et chauffe-eaux. Des analyses détaillées sont reproduites dans « les glanes » page 20. Sur le plan sanitaire il n’y a pas de problème de qualité minérale (les teneurs en nitrates restent dans des fourchettes normales), ni de substances toxiques. Par contre ces terrains calcaires plus ou moins fissurés assurent une très mauvaise filtration des eaux. Ainsi à la moindre pluie des bactéries sont entrainées et l’eau devient « non potable » en l’absence de traitement. De ce fait les eaux des fontaines, ni protégées, ni traitées, ne présentent aucune garantie de qualité sanitaire, contrairement aux eaux distribuées au robinet.
Il existe par ailleurs un certain nombre de sources qui n’alimentent pas de fontaines :
du coté du bois du Reposoir :
-les sources du « Pré-la-Cour »entre le bois du Reposoir et la route de Vernéville qui alimentent le Tagnon,
-un captage situé au-dessus de l’école des Chauvaux en-dessous de la route guerre, alimentait le fort Jeanne d’Arc au moyen d’une pompe actionnée par une machine à vapeur située à l’angle de la rue des Chauvaux et de la rue du Rébénot ; l’eau rejoint aujourd’hui un ruisselet rejoignant le réseau d’assainissement pluvial aboutissant dans le ruisseau de Montvaux au « pont blanc »,
du coté de la cote de Lessy :
– la source des « Sourottes » alimente un petit ruisseau en grande partie souterrain (passant sous le plateau sportif et le lotissement du 18 novembre 1944) rejoignant le ruisseau de Montvaux à l’aval du Petit Moulin,
– la source de « Moyen Play » qui alimente le ruisseau traversant le lotissement du 18 novembre 1944,
-une source qui alimente un petit ruisselet situé entre « Moyen Play » et « Pomécourt ». Il coule dans le chemin passant sous la voie ferrée.
L’abondance des ressources en eau de Châtel est en fait connue de très longue date : un aqueduc romain a été découvert de manière fortuite à diverses reprises et a fait l’objet de fouilles scientifiques en 1996 avant la construction du lotissement du 18 novembre 1944. La capacité minimale de cet ouvrage peut être estimée à 3000 m3/jour, un tel débit ne pouvant être trouvé que dans la vallée de Montvaux. Le tracé de l’aqueduc dans la traversée du village n’est pas connue, ni la destination des eaux. Des traces d’aqueduc ont été relevées dans d’autres communes en aval, notamment à Scy-Chazelles. En l’absence de nivellements on ignore si ces vestiges pouvaient appartenir à un même ouvrage.
Une fontaine « moderne » a été créée récemment place de l’ancienne gare.
Frédy Langenfeld 26 mars 2015